2024: VISITE DE BERNADETTE ESCHER
2024: VISITE DE BERNADETTE ESCHER
Le 15 février 1988, le Père Emmanuel et Bernadette Escher fondent à Mulhouse l’association AFRIQUE FUTURE avec l’aide d’amis français, canadiens et allemands. Thérésia et son regretté époux Volker sont parmi les premiers à encourager et à soutenir Emmanuel et Bernadette. Les deux fondateurs partent à N’Godi, le village natal d’Emmanuel situé au milieu de la forêt dense intertropicale, pour annoncer aux habitants leur volonté de construire chez eux une petite école.

à Ngodi-Si
L’objectif est d’éviter aux enfants de N’Godi de parcourir 20 kilomètres par jour, à pieds à travers la brousse dangereuse, pour aller à l’école la plus proche, comme l’avait fait autrefois le petit Emmanuel. Les villageois préfèrent un pont afin de désenclaver leur commune entourée de ruisseaux. Le seul passage existant est un tronc d’arbre abattu et tombé en travers du cours d’eau. Chaque traversée est hautement périlleuse, nombreux sont les enfants et les adultes qui y ont perdu la vie.
Un pont puis un deuxième, un troisième. D’autres personnes rejoignent l’association. Gérard le frère de Bernadette participe à l’élaboration des plans et à la construction des structures suivantes tel que l’hôpital de Ngodi, inimaginable alors au milieu de nulle part. Des pistes, des puits, un grand complexe scolaire puis deux… En 2025, 37 ans plus tard, le bilan humanitaire est fabuleux: une centaine de ponts, 300 km de pistes crées ou réhabilitées, 10 puits, 11 centres de soin (5 hôpitaux et 6 dispensaires de brousse), 2 grands complexes scolaires qui accueillent plus de 1 ooo enfants de la maternelle au lycée, 2 petites écoles de brousse, 3 ateliers-école (une menuiserie, une briqueterie et une pépinière), 3 grands centres d’accueil, plus de 50 coopératives agricoles réunies au sein de la SOFRAAF (Solidarité Féminine Rurale Agissante d’AFRIQUE FUTURE) et 420 employés autochtones (personnel médical ou enseignant, personnel d’entretien, ouvriers, maçons, comptables, etc.).
Le premier hôpital AFRIQUE FUTURE construit en 1991 dans le village de Ngodi-Si au sein de la forêt.
Hôpitaux de Douala construits dans les quartiers PK 10 et Boko, et plus bas, ceux de Yaoundé situés dans les quartiers d’Emana et d’Oliga.
Le complexe scolaire rural de Ngodi et le complexe scolaire urbain d’Emana-Yaoundé
Les centres d’accueil de Ngodi et de Kribi au bord de l’océan et plus bas, le centre du mont Mbankolo à 100 m de notre hôpital d’Oliga. Destinés aux pèlerins et aux vacanciers, ces centres d’hébergement et de ressourcement soutiennent financièrement les autres structures, hôpitaux, dispensaires et écoles.
Avant la pandémie du Covid, Bernadette se rend chaque année au Cameroun afin de travailler sur place avec le Père Emmanuel et les responsables des établissements. En septembre 2024, elle retourne à Douala à l’occasion des obsèques d’un membre de sa famille. Elle témoigne :
“Les obsèques d’un membre de ma famille m’ont amenée à vivre au Cameroun des impressions voire des interrogations. Généralement, le cadavre reste congelé en morgue durant environ quatre semaines afin que la nouvelle se répande dans l’ensemble du pays et afin que soit donné le temps de préparer les obsèques.
Les obsèques chrétiennes se déroulent en trois temps : le rite de la mise en bière, le transfert du cercueil à l’église, le transfert du cercueil de l’église au domicile où il est ouvert, le défunt restant exposé dans la maison jusqu’à la messe d’enterrement qui se tient le lendemain. Durant tout ce temps, la chorale chante, des personnes viennent se recueillir et prier. Faute de cimetière, le caveau se trouve dans la propriété de résidence.
J’ai été frappée par le temps offert pour conscientiser le fait de la mort, par le fait que les enfants même petits assistent à chaque rite, qu’ils voient le défunt, qu’ils jettent des fleurs sur le cercueil déposé au fond de la tombe.
La mort fait véritablement partie de la vie, les enfants vivent progressivement le départ puis l’absence et ils accèdent au deuil. Je les ai vus, aux jours ayant suivi l’enterrement, aller spontanément prier à la tombe puis retourner joyeusement à leurs jeux.
Je ne peux éviter la comparaison avec nos rites simplifiés jusqu’à ne plus exister, comme s’il nous fallait éliminer la notion même de mort quitte à risquer le vide toujours dangereux …”.
Après les obsèques, Bernadette visite les hôpitaux de Boko et de PK10 où le personnel l’accueille très chaleureusement. Puis elle se rend à Yaoundé au centre d’accueil de Mbankolo où elle s’installe pour quelques jours. Visites, réunions de travail, moments de partages conviviaux se succèdent ensuite aux complexe scolaire d’Emana, à l’hôpital Deo Gratias d’Emana et au centre hospitalier d’Oliga. Enseignants et personnel soignant lui font fête.
“Les visites des structures hospitalières « Afrique Future » que j’ai entreprises dès le lendemain me mirent du baume au cœur. Nos hôpitaux sont beaux, très bien entretenus, avenants, organisés. J’ai rencontré un personnel compétent et engagé selon l’esprit de notre ONG, au service de l’humain.
Le dit personnel m’a réservé un accueil chaleureux qui m’a profondément touchée – je n’étais pas venue au Cameroun depuis trois ans –
Le Père Emmanuel Marie Mbock Mbock avait organisé des réunions de travail qui furent des échanges authentiques sur les améliorations possibles vers l’excellence en tous points. Nous avons abordé aussi le problème de la pérennité de l’œuvre « Afrique Future ». J’ai constaté avec grande satisfaction que cette préoccupation habite l’esprit de nombreux responsables prêts à relever le défi.
Je mesure le chemin parcouru en trente-cinq ans et me réjouis de la maturité acquise à tous niveaux, de l’efficacité qui en découle, de l’aide précieuse qui s’exprime fraternellement.
Bernadette Escher, co-fondatrice de l’ONG AFRIQUE FUTURE, présidente d’Afrique Future France